La découverte de Deinonychus dans les sols argileux du Montana est l'une des plus passionnantes de l'histoire récente de la paléontologie. Des squelettes bien conservés ont révélé un dinosaure bâti pour chasser et tuer : un prédateur rapide, agile et intelligent.
Le corps des Deinonychus présentait les caractéristiques de légèreté des Cœlurosaures, dont il est probablement issu. Son squelette montre des bras assez longs pour un Théropode et des jambes minces avec de longs tibias et 4 orteils griffus à chaque pied, les 3ème et 4ème orteils supportant la totalité du poids du corps.
Deinonychus tient d'ailleurs son nom et son arme la plus efficace de la forme remarquable du 2ème orteil de chaque pied, équipé d'une grande griffe en forme de faucille d'une quinzaine de centimètres de long... Deinonychus l'utilisait probablement comme épée pour lacérer la chair de ses victimes, en se tenant sur une jambe et en attaquant de l'autre.
Pour courir, les orteils aux griffes en faucilles de Deinonychus devaient être rejetés en arrière et éloignés du sol, le corps à l'horizontale et équilibré de sa longue queue. La rigidité de l'ensemble était assurée par un ensemble de puissantes tiges osseuses partant des vertèbres, qui raidissaient pratiquement toute la longueur de la queue.
Deinonychus ressemble fortement à un autre célèbre Dromæosaure, Velociraptor mongoliensis : les structures des squelettes sont très semblables et ils possèdent tous les deux cette griffe en forme de faucille au pied. Cependant, le crâne du Velociraptor a une forme très différente : le museau est long et aplati, les dents, alignées de manière irrégulière, sont nettement crénelées.
Etant donné la taille de sa boîte crânienne, le Deinonychus devait avoir un gros cerveau, coordonnant donc un système nerveux bien développé, ce qui lui aurait permis d'adopter des mouvements complexes. Certains paléontologues pensent qu'il pouvait ainsi chasser en meutes organisées et structurées, avec des techniques d'attaques élaborées, pour s'attaquer à des proies bien plus grosses que lui.
On a retrouvé dans l'un des gisements du Montana 5 squelettes complets de Deinonychus, étendus près d'un gros dinosaure herbivore, Tenontosaurus, qui mesurait près de 3 mètres de long. Cette disposition des corps est probablement le fait du hasard après la mort de ces animaux, emportés par les eaux d'une crue dans une cuvette ou un bassin fluvial. Mais on pourrait néanmoins reconstituer la scène qui aurait pu se dérouler il y a quelque 140 millions d'années : Un petit groupe de Deinonychus encerclait l'herbivore. Certains avaient sauté sur son dos et s'accrochaient de leurs mains crochues, tout en lacérant la peau épaisse en donnant des coups répétés avec les griffes acérées comme des épées de leurs pieds.
L'herbivore avait peut-être blessé ou tué certains de ses assaillants par de grands coups de fouets avec sa longue queue lourde ou en se dressant avec ses pattes arrières pour s'écraser sur eux. Mais il avait peut-être fini par succomber à ses blessures pendant que le groupe de carnivores attendait à proximité...
En raison du petit nombre de gisements découverts du Crétacé inférieur, le milieu de vie du Deinonychus est assez mal connu. Cependant, parmi les dinosaures contemporains du Deinonychus, on peut citer des herbivores tels que les Sauropodes (Titanosaures), les Ankylosaures (Sauropelta), Iguanodon et les Hypsilophodontidés Hypsilophodon et Tenontosaurus, ainsi que des prédateurs comme le petit Microvenator. Tous ces dinosaures vivaient sur les continents du Nord ; ils n'auraient donc pas pu rencontrer les grands Abelisauridés des continents du Sud (par exemple Carnotaurus), ou encore le célèbre Spinosaurus d'Afrique.
Tous les herbivores étaient, d'une manière ou d'une autre, des proies potentielles pour Deinonychus, qui devait sûrement mettre en œuvre des techniques spécifiques pour déjouer leurs défenses :
- Les Sauropodes : Il est probable qu'avec leur 20 mètres de long, les Titanosauridés ne pouvaient être inquiétés par les petits Deinonychus. Cependant, comme les félins actuels, il est beaucoup plus facile de s'attaquer aux individus jeunes, vieux ou malades. Ainsi, Deinonychus a dû traquer de jeunes Titanosauridés. Il en existe d'ailleurs des preuves indirectes. D'après les pistes d'empreintes, les jeunes Sauropodes se plaçaient au centre des troupeaux afin d'être protégés par les adultes. De petites meutes de Deinonychus embusqués devaient attendre patiemment qu'un jeune s'écarte du groupe, à la recherche d'une végétation plus grasse. Aussitôt, la horde féroce de Deinonychus pouvait fondre sur lui sans avoir à s'affronter aux parents.
- Les Ankylosaures : Sauropelta pouvait compter sur sa lourde armure dermique pour résister à l'attaque ; il était presque invincible. La seule tactique possible aurait été de le retourner sur le dos afin d'exposer son ventre plus vulnérable. Là encore, ce sont les jeunes qui devaient constituer de bonnes proies.
- Les Ornithopodes : De nombreux fossiles de Tenontosaurus tilletti, herbivore ressemblant à l'Iguanodon, ont été mis à jour avec des restes de Deinonychus. Comme nous l'avons vu, les Tenontosaurus adultes devaient se faire attaquer par des meutes de Deinonychus.
Quant aux jeunes Tenontosaurus, ils étaient beaucoup plus agiles et pourvus comme le Deinonychus de baguettes osseuses pour raidir leur queue. Ils devaient donc pouvoir courir en zigzag à grande vitesse afin d'échapper aux prédateurs. Les Deinonychus isolés essayaient vraisemblablement de s'approcher d'assez près des jeunes de manière à les attraper à l'issue d'une brève course-poursuite. Toutefois, les jeunes Tenontosaurus alertés à temps avaient de grandes chances de s'échapper, car leur vitesse de pointe dépassait sûrement celle des Deinonychus. En effet, la lourde griffe du Deinonychus nécessitait un pied court et robuste, afin d'absorber le choc créé par les puissants coups de pattes lacérateurs (on connaît un spécimen dont une phalange du doigt portant la griffe avait été cassée, et s'était ensuite ressoudé du vivant de l'animal). Ce pied devait donc être moins leste que celui des Tenontosaurus.
Contrairement aux apparences, cette griffe de 31 cm n'appartient pas au Deinonychus, mais au Baryonyx.
Une fois ses proies atteintes, le Deinonychus devait agripper fermement les petits animaux dans ses mains robustes et puissantes, munies de fortes griffes. Plutôt que d'enserrer ses proies contre lui, Deinonychus devait les maintenir à bout de bras (ses bras et ses mains étant particulièrement longs). De cette manière, il pouvait projeter en avant son pied muni de son énorme griffe pour éventrer sa victime. L'usage de ses membres antérieurs était donc d'une importance capitale, non seulement pour agripper sa proie, mais aussi pour la maintenir à distance et affermir la prise lors de l'impact du coup de pied.
En conséquence, la mort survenait plutôt par éviscération que par l'action des mâchoires. La plupart des dents, orientées vers l'arrière, à la différence de celles des autres prédateurs qui utilisaient les leurs comme de véritables poignards, devaient servir à arracher de grands morceaux de viande, la tête et le corps exerçant de violentes tractions pendant que les mâchoires restaient solidement plantées dans les chairs.
Ainsi, comme les autres Dromæosauridés, Deinonychus dut être l'un des plus redoutables prédateurs qui aient jamais existé : son énorme griffe en forme de faucille semble lui avoir permis de mettre au point une méthode de chasse fort spécialisée et très différente de celles adoptées par tous les autres dinosaures carnivores.
Le style de vie de prédateur actif suggéré par l'anatomie de Deinonychus est considéré aujourd'hui par beaucoup de paléontologues comme la preuve solide de l'endothermie de ces dinosaures, c'est-à-dire qu'ils pouvaient contrôler leur température interne comme les Mammifères et les Oiseaux.
Ce blog, complété en près de 4 ans, décrit un dinosaure par jour par ordre alphabétique, à raison de la découverte à nos jours (août 2023) d'environ 1330 dinosaures. Bien sûr je ne suis ni archéologue, ni historien, ni artiste, ni spécialiste en animaux préhistoriques, les photos et les textes sont issus de sources différentes, notamment dinodata.de, Wikipédia...
mardi 17 novembre 2020
Les dinosaures de A à Z : DEINONYCHUS
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